Se sentir libre en quarantaine

Ma mère m’a dit en cuisinant des bénés ratés (désolé Mom) un matin : « Alex, tu es plus présent, plus serein ». Mes épaules se sont relâchées. Satisfait, j’ai souri. Comme quoi ça fait du bien d’être arrivé à bon port (ou à Beauport, c’est selon). 

Deux mois aujourd’hui que je vis en confinement 24/7 avec mes parents dans la demeure familiale qui m’a vue grandir à Québec. Une chance inouïe, survenue comme une sorte de fatalité pour mes géniteurs de « rattraper le temps perdu » avec leur fils de 28 ans parti à la conquête d’un rêve bizarre il y a 5 ans. 

Ce grand dadais blond, qu’ils n’arrivaient qu’à voir à la va-vite une fois aux deux mois dans son vieil appart du Plateau avec ses planchers croches comme son hangover de la veille, cette fois que pour eux. La durée du séjour : indéterminée. Déjà, je trouve que ça ferait un synopsis parfait pour le prochain film de Dolan.

Alors qu’à l’extérieur, c’est le branle-bas de combat et que des gens tombent, la paix a trouvé refuge à l’intérieur de mes murs. Mais, je ne peux pas en parler trop fort. Je vous le chuchote tout bas : le confinement m’a apporté du positif.

Dans tout le brouhaha des relations futiles que j’entretenais, je sais maintenant exactement à qui je vais rendre visite en premier en obtenant mon billet de sortie. 

Avant, dans mon « ancienne vie », j’étais éparpillé. Montréal m’avait avalé. Je m’étais fait une sorte de mission : être partout à la fois, tout le temps. J’étais un peu une caricature de moi-même : le gars drôle qui veut plaire à tout le monde, mais qui sait même pas s’il se plaît à lui-même réellement. 

À la maison de mon enfance, je me suis calmé. 

Avant, je me comparais constamment aux autres. Je vois sur mon insta des amis devant leur première demeure à St-Bruno-de-Montarville avec une petite brioche au four pour maman et un french bulldog (qui a lui aussi son compte insta). Moi : 28 ans, pas d’enfants, pas de blonde, pas de piscine creusée avec un flamant rose à garocher dedans. J’étais pas là où je m’étais imaginé être à mon âge. Mais selon qui ?

J’étais pressé. On m’a forcé à ralentir et maintenant j’ai adopté une nouvelle vitesse. Le monde est en pause. Et moi aussi. 

Certains couples ont été éprouvés durement, les célibataires, eux, ont résisté à la tentation (pour la plupart, souhaitons-le – vilains canards). Et dans tout ça, moi je cherche toujours un peu l’amour. Le vrai. Celui qui donne envie de bondir de son lit le matin et sourire aux passants dans la rue pour aucune fucking raison. 

J’ai eu une date Facetime de 2h52 (très Love is Blind je sais), qui m’a complètement charmée. J’ai eu des soirées avec mes parents avec les dents tachées mauves qui m’ont plus fait sourire qu’un souper à 400$ dans un resto huppé de Griffintown.

J’ai lu, j’ai écrit chaque jour, j’ai couru entre 20 et 25 kilomètres par semaine, j’ai fait une trentaine de capsules humoristiques pour alléger la journée d’amis virtuels qui me tenaient compagnie –  sans le savoir. Le feeling réconfortant d’être enfin de retour à la « mizon » après un long vol rempli d’escales. 

Les festivals sont annulés. Les visites au resto ne goûteront pas la même chose. L’été non plus. Mais le vin n’aura jamais été aussi savoureux qu’entouré des bonnes personnes à table. Cette fois. 

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